Une chance à saisir

Publié le par Delmas Michel

Ainsi ce que les archéologues avaient appelé un « site de portée nationale » se trouve être encore plus c’est  « un site exceptionnel ».

Je me dois de donner quelques explications et préciser quelques attentes.

C’est dans le cadre des travaux d’aménagement du centre Leclerc sur la zone dite du Champ Lahyre que cette découverte a eu lieu.

Suite à 6 années de travail intensif consacrées à la régularisation des phases administratives lourdes et délicates, j’avais enfin pu signer un « permis d’aménager et de construire » pour des bâtiments commerciaux, des parkings, des voies d’accès d’un ensemble immobilier commercial sur cette zone de 10 hectares. Ce permis était conditionné à la levée d’informations sur la présence des éléments archéologiques.

C’est une procédure normale, quand les services d’archéologie de la DRAC présument la possibilité de  présence de vestiges, le permis est accordé sous réserve d’en faire une recherche active encadrée scientifiquement. A charge de l’aménageur de faire la démonstration que les travaux prévus de détruiront pas les traces du passé.

L’aménageur a diligenté en septembre auprès de l’IMRAP une première étude de diagnostic. On se rappellera que c’était cette  première analyse qui nécessitait le déménagement des gens du voyage que nous avons réussi en quelques semaines.

Ce premier diagnostic a identifié la présence de vestiges de grande valeur, sans pouvoir à ce stage en donner plus d’explications. Les pièces les plus intéressantes ont été parfaitement localisées puis retirées de l’endroit pour éviter leur pillage. Les fouilles ont été recouvertes.  Après analyse la commission régionale a déterminé la partie de l’espace à approfondir: environ 2 hectares sur les 10 hectares du projet,  au niveau de l’ancien terrain de football,  devant la future voie d’accès à Saron, entre la coulée verte  du projet et la RD 1017, au bord de la Frette.

La Drac a alors préconisé au Préfet de Région de signer un Arrêté préfectoral ordonnant  et précisant le contour de l’étude complète à exécuter.

L’aménageur a ordonné à ses frais ces études fondamentales qui ont conduit aujourd’hui à connaître avec plus de précisions ce dont il s’agissait et dont on nous donne les clés.

Les pièces d’intérêt ont été exhaustivement extraites et mises à l’abri pour analyse et stockage en attendant leur éventuelle valorisation sur site ou en d’autres lieux, dans les musées par exemple.

La découverte n’a pas retardé l’aménagement de l’espace et  la construction des bâtiments  commerciaux, on a pu voir des engins de chantier dès la mi-mars parce que les fouilles ne se situaient pas en l’endroit des constructions. Par contre c’est la mise en profil des accès et  l’édification des ouvrages d’art du franchissement de la Frette qui en sont affectées.

A la fin du processus complet de fouille, l’espace est censé être vidé de ses substances et ne plus pourvoir livrer d’informations, sous validation des archéologues de la DRAC. Les endroits qui recevront les aménagements seront plus complètement  expurgés de leur richesse que les espaces verts et la coulée verte qui resteront encore  accessibles si besoin est.

Ce processus de préservation exécuté avec soin et le déplacement des pièces en des lieux protégés ne doit pas empêcher que cette richesse reste à compter de ce jour éternellement marqueur de notre territoire. Il va s’agir pour nous de rechercher tous les moyens pour la valoriser, s’assurer de reconstitutions partielles sur site, réaffirmer cette nature de voie romaine qu’était la RD 1017, renforcer les  images historiques  du lieu, faire les reconstitutions virtuelles, intégrer la connaissance de cet édifice dans la conscience des habitants.

Il ne s’agira pas d’arrêter, de freiner, d’alourdir  ou de fragiliser le projet économique prévu et dont nous avons grandement besoin, mais il faudra rechercher tous les moyens d’alimenter un projet territorial valorisant pour notre secteur, lui donner justement un poids économique et un intérêt supérieur. Rappelons-nous que tout ceci se passe à l’entrée nord du Parc Naturel Régional et à proximité du site de patrimoine naturel que sera la Maison des Marais du conseil général et le projet du Grand Domaine Nature et son insectarium.

Certes il faudra faire preuve d’imagination, d’innovation et de créativité. Mais si nous ne nous appuyons pas sur les chances que nous livrent la nature, la géographie,  le parcours des hommes d’avant et d’aujourd’hui, alors nous ne saurons  jamais réécrire l’histoire de notre  secteur à la lumière de la modernité. Nous resterons englués dans cette société commerciale terne et sans saveur qui détruit le cœur des hommes.

Il va falloir du courage aux femmes et hommes décisionnaires aujourd’hui, mais on attend bien cela d’eux. Attention la barre est très haute.

Dommage que nous ne puissions être actifs sur ce sujet passionnant, c’est pour nous une nouvelle grande frustration.      

http://www.inrap.fr/archeologie-preventive/Ressources/Audiovisuels/Reportages-videos/p-18265-Pont-Sainte-Maxence-decouverte-exceptionnelle-d-un-sanctuaire-monumental-antique.htm?&previsu=1&dateprevisu=2014-05-28+20%3A15%3A48

Une chance à saisir

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